Qui se plaint des cloches d’église ou des cigales en France ? Vous seriez surpris

Le parlement français s’attaque aux plaintes concernant le bruit dans la campagne. Les législateurs disent bien connaître le problème des résidents qui, ayant déménagé à la campagne depuis les grandes villes, se plaignent de la manière dont les bruits ruraux tels que le bétail, les cloches d’église et autres sons campagnards empiètent sur leur nouveau droit revendiqué au calme pastoral.

Une nouvelle loi vise à empêcher ces néoruraux de poursuivre en justice les agriculteurs pour des activités agricoles qui se déroulaient bien avant leur arrivée. Les députés de l’opposition ont ridiculisé le nouveau projet de loi comme étant du vent, car il réorganise principalement des éléments législatifs existants. Mais la nouveauté réside dans l’accent mis sur ce que le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, appelle le vivre-ensemble : vivre ensemble de manière respectueuse – quelque chose que je trouve cruellement nécessaire.

J’ai grandi à Aix-en-Provence, une ville qui aime se considérer comme une extension de Paris. En 2016, des touristes parisiens en vacances à Carry-le-Rouet ont attiré l’attention nationale lorsqu’ils se sont plaints du chant des cigales en été. À mon avis, il est facile de faire le lien entre les prix des propriétés gonflés par la gentrification dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et ces plaintes absurdes, que cette nouvelle législation vise à limiter.

Aix n’est plus l’endroit où je retourne pendant les vacances scolaires. Depuis une bonne partie de la dernière décennie, mes parents vivent dans un petit village en bordure du parc national des Cévennes. Les véritables sons ruraux ici reflètent les vies difficiles vécues.

C’est là où je suis actuellement. Il vient de passer 16h ; les cloches de l’église catholique viennent de sonner huit fois. Malgré le fait qu’il n’y ait que 300 habitants à l’année, les cloches sonnent l’heure deux fois, juste à quelques mètres de nos lits – même pendant les heures de totale obscurité lorsque les lampadaires sont éteints. Elles sonnent également une fois à la demi-heure. Une fanfare complète, quant à elle, marque les principaux services de la journée à 8h, midi et 19h. Les amis en visite mettent quelques nuits à s’y habituer.

Hier, pendant le déjeuner, nous avons entendu le tintement d’un autre type de cloche et tout le monde – enfants, parents, grands-parents – s’est levé et a couru dehors pour regarder le troupeau de moutons et les chiens de berger patou traverser la route et le pont de l’autre côté du village, en direction des pâturages en aval. Souvent, ils passent dans la rue même de mes parents. Ils défèquent partout et mangent les pensées de ma mère.

Les voisins de mes parents se parlent depuis leurs fenêtres respectives, de part et d’autre de la rue. Pas besoin de quitter la maison pour discuter. Ils s’entendent très bien.